Mes dernières lectures n’ont pas vraiment été des plus réjouissantes… La faute au gris du ciel et au crachin matinal ? La faute au froid enveloppant qui vous tétanise au premier orteil dehors ? La déprime de fin d’année ? Je ne saurais pas dire, mais le constat est bien là : mes trois dernières lectures sont lourdes, éreintantes, voire totalement déprimantes… Chouette alors !
J’exagère un peu, L’Âme du monde est tout de même plus léger ! C’est un joli conte philosophique plein de sagesse qui donne bon espoir. La nuit des temps de Barjavel est un vrai chef d’œuvre et, malgré mes larmes et mon envie de jeter le livre par terre et de le piétiner férocement, j’ai adoré cette histoire dans le froid glacial antarctique. Puis vint la Peste et son lot de désolation et de peine. Sombre et triste, lancinant, et plein d’interrogations sur le comportement humain.
Mes prochaines lectures seront plus colorées et gaies, je crois que j’en ai besoin après ce mois de janvier un peu tristounet !
L’Âme du monde, Frédéric Lenoir
Résumé : Sept sages aux idéologies diverses, et originaires des quatre coins du monde, reçoivent un jour un signal. Ils comprennent tous qu’il leur faut se rendre à Toulanka, un monastère bouddhique au fin fond du Tibet. Les premiers jours font place à l’incompréhension : pourquoi nous avoir rassemblés ici, loin de nos familles et de nos vies ? Une vision commune leur fait alors prendre conscience de l’arrivée d’un terrible cataclysme et de la nécessité de transmettre leur savoir à deux jeunes adolescents… Mais quels seront les enseignements à transmettre ?
Mon avis : Frédéric Lenoir, avec ce prétexte de fin du monde, fait naître l’urgence d’élaborer une sagesse universelle qui dépasserait tous les clivages et les croyances personnelles. Il propose là un petit conte philosophique tiré à quatre épingles et riche d’enseignements.
Ce qui rassemble ces sept sages, c’est la tolérance et l’ouverture d’esprit. Pour extraire la substantifique moelle de leur savoir et poser des mots sur ce distillat de leurs sagesses rassemblées, ils ont eu besoin de revenir à l’essentiel : qu’auront besoin de connaître les hommes pour reconstruire une civilisation sur des bases saines ?
Je pense que c’est un livre à faire lire aux lycéens, avant de se lancer vers la grande épopée de l’âge adulte. Il fait d’ailleurs un peu écho à ces conseils que j’aurais voulu donner à celle que j’étais il y a 10 ans. C’est très facile à lire, les enseignements semblent couler de source, et pourtant je suis bien d’accord pour dire qu’il s’agit bien là de l’essentiel.
Le discours des sept sages est ponctué et enrichi de vrais contes et histoires issus des traditions orales du monde entier. C’est un petit bijou plaisant de bon sens et de vérité et qui mériterait même, je crois, que je lui accorde une seconde lecture.
Ma note : 4/5
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La Nuit des temps, René Barjavel
Résumé : Une expédition polaire de scientifiques français conduit à la découverte de ce qui pourrait s’apparenter aux restes d’une civilisation vieille de plus de 900 000 ans. Enfouie dans les profondeurs de la glace, cette découverte bouleverse l’ensemble des connaissances scientifiques et anthropologiques admises jusque-là. Le monde entier retient son souffle, et les meilleurs spécialistes sont envoyés des quatre coins du globe. L’euphorie des premiers temps laisse vite place à la stupéfaction : il y a là, endormis et cachés sous la glace, un homme et une femme maintenus en vie par un ingénieux procédé de cryogénisation.
Mon avis : C’est un bijou, un vrai bijou.
Il faut peut-être commencer par remettre ce livre dans son contexte : René Barjavel l’a écrit en 1968. Si la date de l’intrigue n’est pas précisée, on comprend toutefois qu’elle se déroule dans un futur encore plus lointain qu’aujourd’hui. La description de certaines avancées technologiques, comme le traducteur simultané et universel ou le remplacement des médecins par des machines à diagnostic, non encore au point à l’heure actuelle, font cependant de l’auteur un véritable visionnaire. En 1968, on assistait à peine aux premiers balbutiements des ordinateurs, et Internet n’était même pas à l’état de concept. La société qu’il nous décrit et les enjeux auxquels elle fait face ressemblent étrangement à ce que nous vivons aujourd’hui.
La nuit des temps, c’est l’histoire d’un amour tellement beau qu’on y assiste avec le sentiment presque coupable d’être de trop. La plume de Barjavel est un délice, elle sait trouver les mots justes et arrive à nous convaincre de tout. L’histoire d’Eléa et de Païkan, ces Roméo et Juliette d’un autre temps, est pure passion et en même temps tellement profonde et pure.
C’est aussi l’histoire de la folie humaine et des ravages qu’elle engendre. L’être humain n’est pas dépeint sous son plus beau profil, et les enjeux liés à cette découverte sous la glace, à la fois d’ordre scientifique, diplomatique, historique et politique, en font ressortir tous les travers.
Tout est très juste et précis, tout est réfléchi. Barjavel nous emmène où il veut. À tel point que je n’ai rien vu venir. Rien. C’est poignant, voire déchirant. C’est terriblement rageant.
C’est une histoire qu’on aime autant qu’on la hait. C’est une histoire à laquelle on pense encore des jours après, et une histoire à laquelle on pense sans arrêt tant qu’elle n’est pas terminée.
Je prévois très clairement de lire d’autres romans de Barjavel, j’ai envie d’en découvrir d’autres facettes et de me plonger dans ses histoires fabuleuses dont lui seul semble avoir le secret !
Ma note : 5/5
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La Peste, Albert Camus
Résumé : Le docteur Rieux exerce dans la ville d’Oran dans les années 1940. Alors que la vie s’écoule doucement et que chacun s’attache à sa routine, un événement vient perturber cette torpeur : les rats meurent par centaines dans les rues. Ces scènes d’apocalypse marquent en fait l’arrivée de l’épidémie de la peste. La maladie frappe au hasard et de plus en plus souvent, la panique s’installe. La ville se retrouve coupée du reste du monde pour éviter toute propagation de la maladie, et la population se retrouve livrée à elle-même. Alors que les statistiques effrayantes de la montée de l’épidémie sont quotidiennement mises à jour, la société s’organise pour faire face à la maladie. Cette enceinte aux relents de mort et de peur façonne un observatoire inédit des comportements humains.
Mon avis : Voilà des années que je voulais lire La Peste, et je ne pouvais pas m’y résoudre. Il faut croire que le temps gris et pluvieux et cette atmosphère morne et déprimante du mois de janvier m’y ont conduite.
Camus dépeint la souffrance de la ville d’Oran avec tellement de précisions que l’on y reconnaîtrait du vécu. J’ai pleuré de douleur, j’ai souri de tendresse et d’amusement, j’ai eu le ventre noué et le front plissé… La peste ne laisse pas indemne, elle ravage tout sur son passage sans se soucier de qui elle touche, jeunes ou vieux, innocents ou coupables.
Le docteur Rieux, toujours très pragmatique et sérieux, s’affaire à la prise en charge des malades, de plus en plus nombreux, et à la mise en œuvre des soins. Autour de lui, gravitent cinq hommes dont les préoccupations et idéaux soulèvent les grands axes de réflexions du roman : le père Paneloux qui accepte ce fléau à bras ouverts puisqu’il est envoyé par Dieu, le journaliste français Raymond Rambert qui met tout en œuvre pour s’enfuir et rejoindre sa bien-aimée, Joseph Grand qui focalise sa douleur sur l’écriture d’une phrase en prose en vain reformulée (ce personnage est tellement attendrissant…), le contrebandier Joseph Cottard qui a tout intérêt à ce que la peste perdure et Jean Tarrou, prêt à risquer sa vie et à agir pour ne pas subir et cautionner avec indifférence.
Car si ce roman parle de la peste et des comportements humains en temps de grand malheur, on s’aperçoit vite que le mal qu’il décrit est bien plus profond et nous concerne tous. Ce mal que l’on ne peut nommer faute de courage parce que le simple fait de le nommer nous obligerait à agir. Ce mal qui sert le profit de quelques-uns pendant que la grande majorité d’entre nous s’en désintéresse et l’omet parce qu’elle pense ne pas être concernée (ou parce que c’est trop dur et bien plus facile de se focaliser sur autre chose).
C’est sombre et triste, c’est du Albert Camus. C’est parfois très dur, même monotone dans la douleur, et il est bien plus confortable de ne pas lire ce genre de choses. C’est pour cette raison que j’enlève un demi-point. Parce que, comme cette population d’Oran qui reste indifférente et prostrée, j’aurais préférée, très égoïstement, ne pas être secouée. Mais c’est brillant.
Note : 4,5/5
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Avez-vous déjà lu certains de ces livres ? Qu’en avez-vous pensé ?
Avez-vous eu des coups de cœur dernièrement ?
J’ai tenté de lire la Peste au début du confinement, j’ai du m’arrêter à la moitié du livre. Je suis incapable de le continuer, c’est trop difficile en ce moment.
Par contre, coup de coeur infini et absolu pour “la nuit des temps”. Je l’ai lu il y a plus de 10 ans, quand j’étais en 5ème. Je m’en rappelle encore précisément, je le cite toujours comme mon livre préféré. Je veux le relire, mais je remets toujours cette lecture à plus tard, pour prolonger le souvenir…
J”ai beaucoup aimé lire L’âme du monde aussi! Ilm’a beaucoup apporté et je pense que je le lirai une deuxième fois pour bien m’imprégner des enseignements si évidents mais si essentiels qui sont dans ce livre. Une petite pépite ce livre! 🙂
Tu m’as complètement convaincu avec “La nuit des temps”!
Coucou,
J’ai adoré l’âme du monde aussi. Les conseils présents dans ce livres ont vraiment fait écho en moi. J’ai aussi lu “coeur de cristal” du même auteur et j’ai moins accroché.
Des bisous
Morgane
Je crois avoir déjà lu “La peste” il y a longtemps ! Mais je ne suis plus sûre du tout alors je trouve ça bizarre que ça ne m’ait pas vraiment marqué ! C’est une bonne excuse pour le relire 😀
N’hésite pas à lire le dernier des nôtres d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre .. ca m’a boulversé et toutes les personnes pressentes avec moi pendant mon voyage l’ont lu et ont adoré
Je n’ai lu aucun des livres de ta revue, aie aie aie, il faut que je revois mes classiques.
Mon dernier livre lu et que j’ai apprécié, je ne dirais pas que c’est un coup de coeur, c’est “Les ennemis de la vie ordinaire”.
Un petit livre qui remet la vie d’aplomb : JULES de Didier van Cauwelaert. Bien écrit, léger et sans prise de tête. Juste pour se remettre. Et si on en veut encore, Cauwelaert a fait la suite : LE RETOUR DE JULES. Mais le premier, c’est déjà pas mal. Bonne lecture !