J’aime donner des titres à mes articles. Ça me permet de les personnifier un peu en quelque sorte, et puis de leur donner une certaine substance et teneur. Aujourd’hui en l’occurrence, il me permet d’installer une ambiance. Là, d’entrée de jeu, on est sur la place rouge et la cathédrale Saint-Basile aux couleurs excentriques trône à quelques mètres devant nous. Un air de troïka nous parvient au loin malgré le brouhaha des touristes qui circulent autour de nous.

Si on tourne la tête, on se retrouve soudain plongé dans l’atmosphère muette et étouffée, comme encotonnée, d’une forêt sibérienne. Il n’y a plus que le bruit de nos pas feutrés qui s’enfoncent d’une bonne épaisseur dans la neige.

Voilà ce que quelqu’un qui n’a jamais mis les pieds en Russie sera peut-être capable d’imaginer avec un titre pareil, Matriochka. Quand je pense aux poupées russes, je pense aussi à tous les détails fleuris et colorés dont elles sont parées. Ce sont d’ailleurs ces imprimés magnifiques qui ont attiré mon attention la première fois que j’ai découvert Svetlana K.

Svetlana K.

J’avais fait défiler les vêtements posés sur cintres, et je m’étais arrêtée sur une étiquette. Elle mentionnait que la marque sélectionnait les meilleurs tissus européens en fibres naturelles, biologiques ou recyclées en privilégiant les fibres respectueuses de l’environnement. Elle précisait aussi que les pièces avaient été créées et confectionnées en Europe « avec amour et éthique » et que leurs partenaires étaient rémunérés correctement et travaillaient dans de bonnes conditions…

Vous me connaissez, ça a bien sûr attiré mon attention ! Cette robe, par exemple, est entièrement composée de coton biologique. Elle est fabriquée en Lituanie avec un tissu confectionné en France. C’est une petite œuvre d’art… La coupe, très soignée, chic et élégante, caractérise toute la collection. Aucun détail n’est laissé au hasard : le lien qui vient fermer l’encolure, les volants de la jupe, la boutonnière sur le côté… Les détails du tissage eux-mêmes rendent l’ensemble extrêmement raffiné. On aurait presque peine à croire que l’ensemble est en coton bio, tellement les matières semblent épaisses et travaillées.

Les poupées russes

Pour en revenir aux foulards qui m’ont d’abord attirée, ils sont typiques de la Russie, le pays d’origine de Svetlana, la créatrice. Grâce à eux, la petite ville de Pavlovski Possad, où ils sont produits, a même un rayonnement international. Une finesse et une qualité exceptionnelle, et un savoir-faire unique. Mais, bigre, ils sont en laine ! J’évite la laine pour des raisons éthiques (cet article d’Ophélie Véron présente une partie du problème), mais ces splendides imprimés valent quand même le coup d’œil ! J’ai bien proposé à Svetlana de les produire en lyocell mais il semblerait que la manufacture russe se soit offusquée 🙂

Mais qui sait, peut-être l’idée fera-t-elle son chemin… Je me dis qu’il y a une histoire de poupées russes là-dedans. À l’intérieur de la plus grande matriochka, s’en cache une autre. Elle est plus petite, plus simple, plus au cœur, et tout aussi jolie. Plus on enlève les couches, plus on découvre la version brute et authentique, sans en perdre la moindre couleur.

Je vois mon chemin vers une vie plus responsable et consciente de cette façon. Il faut bien commencer quelque part. Ce n’est que petit à petit que l’on se dépouille du superflu, de ce qui ne nous ressemble pas, de ce qui ne nous convient plus. Parce qu’il faut du temps pour ouvrir les yeux et que les prises de conscience s’opèrent au gré du temps. Couche après couche, poupée après poupée. En devenant une matriochka, on fait déjà le pari des couleurs. Et ça, c’est déjà beaucoup !

Si vous avez apprécié la lecture de cet article, partagez-le :