L’été bat son plein et avec lui les sorties piscine, les randos et les déjeuners en terrasse. Vous avez déjà commencé à exposer vos gambettes et peut-être même à attraper les premiers coups de soleil. Si vous n’oubliez jamais vos lunettes, vous haussez souvent les épaules en pensant au vieux tube de crème solaire que vous aviez glissé dans votre sac « au cas où ».
Malgré tout ce que les médias rabâchent, la protection solaire est toujours un peu traitée avec désinvolture. J’ai moi-même, et à plusieurs reprises, fait preuve d’imprudence avec le soleil. Je connais pourtant les enjeux, et même plutôt bien. La démarche est encore plus difficile lorsque l’on s’intéresse aux cosmétiques naturels et bio. Ceux qui s’y seront essayés connaissent les rendus blancs et plâtrés des crèmes solaires bio, qui empêchent la peau de respirer et confèrent un air de yéti en liquéfaction à quiconque tente de se baigner avec.
Ça colle, c’est blanc, ça ne sent pas toujours le monoï, ça ne s’étale pas bien… Et puis on lit que le soleil est bénéfique pour la santé. Alors que faire ?
Je voudrais dans cet article – qui s’annonce long comme le monde, j’en conviens – vous rappeler le juste équilibre entre fuir le soleil et s’exposer des heures durant. Vous expliquer comment choisir votre crème solaire et l’importance de la choisir bio. Et puis vous parler de quelques crèmes qui m’ont beaucoup plu ces dernières années, histoire que, plus jamais, vous ne ressembliez à un yéti mouillé.
Le juste équilibre
Dès que l’hiver prend fin et que le soleil revient, vous ressentez le besoin de vous asseoir sur un banc baigné de lumière et de fermer les yeux. Vous sentez que le soleil vous fait du bien. C’est normal, c’est en partie le cas !
La vitamine D est essentielle à notre organisme, elle favorise l’absorption du calcium et du phosphore et participe ainsi à la consolidation des os, à la constitution de dents solides, et au renforcement musculaire. Elle rendrait même plus heureux et permettrait de lutter contre la déprime (vous l’avez déjà démontré par l’expérience, j’en suis sûre) ! Et, surprise, le seul véritable moyen de se procurer naturellement de la vitamine D est de se mettre au soleil. Par l’action des UVB, notre organisme se met en effet à produire cette fameuse vitamine soleil ! Pas besoin d’y rester toute la journée cependant, 15 minutes d’exposition chaque jour avec les manches relevées suffisent en été.
Plus de 80% des français présentent une carence en vitamine D les mois d’hiver. On est effectivement plutôt bien protégés des ultraviolets pendant cette période : déplacements restreints à l’extérieur, gros manteaux et écharpes enroulées jusqu’aux oreilles. Certains choisissent alors de se complémenter en vitamine D par voie orale, d’autres attendent patiemment que le printemps revienne pour relever leurs manches.
Le soleil n’est donc pas à fuir absolument, il joue même un rôle important pour une santé de fer et un corps plein d’énergie. Mais attention à ne pas en abuser…
Plus le soleil est haut dans le ciel, plus le rayonnement ultraviolet est important. À l’inverse, il n’y a plus d’UV lorsque le soleil est couché. En France, c’est entre midi et 16h que les rayonnements ultraviolets sont les plus forts, mieux vaut se tenir éloigné du soleil à ce moment-là.
Petit rappel de physique
Pour mieux comprendre comment tout cela fonctionne, revenons aux basiques… Les ultraviolets, ou UV, d’abord. Il s’agit de rayonnements lumineux de longueurs d’ondes inférieures à 400 nm, c’est-à-dire inférieures à celles de la lumière visible. Or, plus une longueur d’onde est petite, plus le rayonnement est énergétique. Les UV sont donc invisibles et très puissants.
Ils sont de 3 sortes : les UVA, les UVB et les UVC. Plus on avance dans l’alphabet, plus la longueur d’onde est petite (et donc plus le rayonnement est énergétique). Les UVC aux longueurs d’ondes les plus courtes sont stoppés par la couche d’ozone. Seuls les UVB et les UVA arrivent jusqu’à nous. Ils ont la possibilité d’aller commettre des dommages au plus profond de nous, au cœur de nos cellules. Chacun a sa manière de procéder…
Les UVB sont responsables des coups de soleil, cette réaction inflammatoire de la peau liée à une exposition abusive. Et, information d’importance : ils ne permettent pas de bronzer (ça, c’est l’apanage des UVA) ! Très énergétiques, ils commettent des lésions sur l’ADN que nous sommes en capacité de réparer dans la limite de notre fameux « capital soleil ». Une lésion non réparée débouche sur un cancer de la peau.
Les UVA, quant à eux, provoquent l’apparition de radicaux libres qui entraînent le vieillissement cellulaire et donc de la peau. Ils sont eux aussi potentiellement cancérigènes.
Comment choisir sa crème solaire ?
Les crèmes solaires permettent de filtrer essentiellement les UVB et uniquement une partie des UVA. Comprendre : une crème solaire, même 50+, ne vous permet pas de rester étendue comme une morue sur la plage entre midi et 14h ! Chacun fait bien ce qu’il veut d’ailleurs mais je crois très fort en ma phrase : rien ne vaut la connaissance pour agir en conscience !
Et en ce qui concerne le choix de l’indice de protection UV (SPF) pour sa crème solaire, là-aussi, il y a de quoi en apprendre ! Un indice 30 indique que la crème en question laisse pénétrer les UVB à hauteur de 1/30, c’est dire 3% environ. On retient donc qu’une crème indice 30 empêche 97% des UVB de pénétrer dans notre épiderme (sous réserve, bien sûr, d’une application en couche suffisante et régulière).
De même, un indice 20 laissera pénétrer les UVB à hauteur de 1/20 = 5%, soit 95% de protection. Et un indice 50 laissera pénétrer à 1/50 = 2%, soit 98% de protection. Voilà pourquoi on ne trouve pas en France d’indices supérieurs à 50+ : les 2% de protection restants sont impossibles à garantir !
Pour une exposition raisonnable dans des conditions normales, un indice 30 est donc tout à fait suffisant. Pour des peaux très claires ou intolérantes au soleil, ou dans des conditions d’expositions extrêmes (durée d’exposition, index UV particulièrement important comme au niveau de l’équateur ou en altitude par exemple), mieux vaut opter pour le maximum de protection.
Pourquoi choisir une protection solaire bio
Voilà plusieurs années que je choisis mes crèmes solaires en bio, et dire que cela a toujours été une partie de plaisir reviendrait à mentir ! J’en ai essayé des vertes et des pas mûres, et suis passée par toutes les frustrations et déconvenues du monde. Un calvaire…
Pourtant, rien n’aurait pu me faire revenir aux crèmes solaires conventionnelles. Trois raisons principales à cela :
1. Les filtres chimiques
Dans la famille des crèmes solaires, il y a deux grandes écoles : les filtres de synthèse chimiques et les filtres minéraux (100% des crèmes solaires bio). Les premiers ont la fâcheuse réputation de contenir des perturbateurs endocriniens (réputation d’ailleurs alimentée par de nombreuses études scientifiques sur le sujet). Ces filtres chimiques sont également la cause de nombreux dégâts sur l’environnement et mettent notamment en danger les récifs de coraux du monde entier. Une baignade dans la mer ou dans un lac, ou même une simple douche, contribuent à répandre ces composés chimiques décriés dans les eaux.
Les filtres chimiques à éviter absolument pour leurs interférences avec le système hormonal et la pollution des eaux sont le Ethylhexyl Methoxycinnamate, Benzophenone-3 et -4 et Methylbenzylidene Camphor. Prenez l’habitude de décrypter la liste INCI de vos produits de beauté, elle est souvent pleine de surprises !
2. Autres composants chimiques dangereux
Les produits solaires conventionnels contiennent, en plus des filtres UV, d’autres composants chimiques comme des additifs ou des conservateurs, connus pour leur dangerosité. Le Triethanolamine par exemple, est susceptible de développer des nitrosamines (substances cancérigènes)[1].
Ces composants chimiques additionnels représentent aussi de sérieuses menaces pour l’environnement. L’EDTA, par exemple, est un acide complexe contenant des métaux lourds qui, sous certaines conditions, peuvent se fixer à l’organisme et devenir difficilement biodégradables. Les silicones (comme le fameux Dimethicone), qui confèrent à la crème une texture veloutée, sont eux aussi d’importants polluants.
3. Le problème des nanoparticules
Les nanoparticules font de plus en plus parler d’elles. Elles ont la particularité d’être tellement petites (inférieures à 100 nm) qu’elles peuvent traverser la membrane cellulaire, et ainsi se frayer un chemin jusqu’au plus profond de nous. Les nanoparticules sont la spécialité des filtres minéraux qui agissent à l’aide du dioxyde de titane ou du dioxyde de zinc. Utiliser ces composés sous forme de nanoparticules permet une meilleure absorption de la peau, atténue la couleur blanche et assure une jolie texture bien nette et brillante à la crème.
Si le recul n’est aujourd’hui pas suffisant pour connaître les effets des nanoparticules sur nos organismes, les scientifiques tirent la sonnette d’alarme depuis déjà plusieurs années. On les retrouve partout : dans notre alimentation, dans nos cosmétiques, dans les peintures. Partout. Alors avant que le scandale éclate, autant savoir à quoi s’attendre.
La réglementation bio ECOCERT interdit la présence de particules inférieures à 100 nm donc on pourrait s’estimer sauvés. Erreur : elle fait une petite entorse pour les produits solaires ! Le label ECOCERT ne permet donc pas de s’assurer de leur absence. Le label Nature et Progrès permet cependant de s’en assurer, le label anglais Soil Association également.
Toutefois, lorsque l’on s’intéresse de près aux problématiques des nanoparticules dans les crèmes solaires certifiées bio, on s’aperçoit que les écrans minéraux (aka le dioxyde de titane et le dioxyde de zinc) sont quasiment systématiquement enrobés et agglomérés dans les formules, ce qui augmente le diamètre de ces particules. Les écrans minéraux ne sont donc plus, dans la plupart des formulations, dans un état « nano ».
De super protections solaires bio
Ces 3 dernières années, j’ai découvert de super crèmes solaires bio dont je voudrais vous parler. Pas facile, comme on l’a vu, de trouver des filtres UV qui conviennent !
J’ai découvert récemment les produits de la marque Biosolis et je suis totalement conquise ! La crème visage SPF 30 laisse un fini velouté sur la peau sans aspect blanc, et leur huile solaire SPF 20 (sans dioxyde de titane) laisse même quelques paillettes pour un très joli effet doré au soleil ! Les produits sont véganes et fabriqués en Belgique.
J’avais également emmené deux filtres UV lors de mon voyage en Nouvelle Zélande l’année dernière. Je les avais choisis pour leur petit format pour qu’ils passent en cabine dans l’avion et je n’ai pas été déçue ! Deux crèmes solaires bio, garanties sans nanoparticules, inoffensives pour la faune et la flore aquatique, avec un indice UV suffisant et qui ne laissent pas d’énormes traces blanches : la crème SPF 50 de Alphanova Santé et le gel SPF 30 de UV Bio.
La première, fabriquée en Provence, est teintée, ce qui permet non seulement de ne pas ressembler à Mercredi Addams après application, mais en plus d’avoir un joli teint bronzé bien unifié. Elle permet aussi, et surtout, d’avoir une solution sans nanoparticules car la texture blanche et non-pénétrante est contrebalancée par cet aspect « fond-de-teint ».
La deuxième est labellisée végane et fabriquée en France, et garantie sans nanoparticules, sa texture gel orangé accentue la bonne mine des vacances. Ce côté hâlé que je trouve si chouette a toutefois un travers : ça tache ! Il faut veiller à frotter ses vêtements avec un peu de savon avant de les mettre à laver pour être sûr de les détacher correctement.
Edit : Bien des années après, mes marques fétiches sont Les Laboratoires de Biarritz (notamment leur crème teintée SPF 30) ou encore Acorelle. Oolution a également lancé des produits solaires avec un filtre végétal cette fois (ni chimique ni minéral), j’en parlais ici avec la fondatrice.
Je serais curieuse de savoir si vous avez de bonnes références à conseiller vous aussi ? Est-ce que cet article vous a été utile ?
***Céline***
Merci pour ces conseils. Nous sommes partis une semaine en Crète en plein juillet avec deux gamines blondes aux yeux bleus avec la crème kids biosolis : nickel! Pas de coup de soleil. Un peu embêtante à étaler (elle est épaisse) mais protège bien et sent bon, les filles ont aimé. merci pour l’article.
Ton article tombe à pic, car je suis justement en pleine recherche de crème solaire bio. Pour l’instant, j’ai noté plusieurs marques, sur lesquelles il faut que j’approfondisse le sujet : Acorelle, Uvbio, Ringana et Laboratoire Biarritz. A creuser ! 😉
Merci pour cette belle sélection et cet article qui récapitule les points à éviter dans la liste d’ingrédients des crèmes solaires ! Ce n’est pas toujours facile de s’y retrouver !