Quand Paprcuts m’a contactée pour me présenter leur démarche et leurs produits, j’ai d’abord tiqué. Ils prétendaient détenir une alternative au cuir idéale avec un matériau dont on parle encore peu : le Tyvek.
J’ai tiqué parce que depuis que j’ai décidé de ne plus soutenir l’industrie du cuir (on en reparle un peu plus loin), je cherche des alternatives qui soient à la fois respectueuses de l’Homme et de la planète. Il serait en effet trop bête d’abandonner Charybde sur le bord de la route pour adopter Scylla à la SPA, autant trouver quelque chose qui satisfasse pleinement mes choix de consommation.
Alors quand on me parle de Tyvek, c’est-à-dire d’un matériau synthétique non-tissé fabriqué à partir de fibres de polyéthylène, soit de polymères issus d’hydrocarbures non renouvelables, je me pose des questions…
Mais vous savez quoi ? En additionnant les éléments bout à bout, j’ai fini par conclure que le Tyvek pouvait effectivement être une excellente alternative au cuir et j’ai voulu présenter Paprcuts et sa démarche par ici ! Pourquoi ? Je vous propose de me suivre tout au long de mon cheminement…
Pourquoi devrait-on éviter le cuir ?
On parle souvent du cuir comme d’une matière durable, voire écologique. Il se patine avec le temps, on dit qu’il vieillit bien.
Si le cuir de seconde main est évidemment irréprochable, le cuir que l’on achète neuf, lui, ment sur toute la ligne. Plus de 250 produits chimiques sont en effet nécessaires pour traiter les peaux, dont certains hautement toxiques (chrome VI, formaldéhyde, mercure, cyanure ou arsenic). En 2016, l’ONG Pure Earth a établi un rapport plaçant les tanneries en 4ème position dans son top 10 des industries les plus toxiques au monde. Les produits chimiques se déversent ensuite dans les sols et les eaux qui sont ensuite utilisés par la population locale qui développe des troubles et des maladies graves.
Pour proposer un cuir à bas prix (un blouson à 150 € par exemple), le traitement des peaux est effectué dans des pays asiatiques en voie de développement, dont les conditions de travail et de gestion des déchets et résidus toxiques sont désastreuses.
Si le tannage végétal du cuir à base de tanins, encore peu utilisé, est une alternative plus écologique aux procédés chimiques, il n’exclut pas cependant la déforestation : 80 % de la forêt amazonienne aujourd’hui abattue l’est pour l’industrie de la viande et du cuir selon un rapport Greenpeace, la pollution des eaux et des sols et la monopolisation des surfaces et des ressources liées à l’élevage intensif, financé très largement par l’industrie du cuir.
Non, le cuir n’est pas une matière durable ou écologique. Sans même parler d’exploitation animale, le choix du cuir n’est pas le bon.
Les alternatives au cuir
Partant de ce constat, voilà plusieurs années que je recherche des alternatives au cuir, capables de résister dans le temps, de me plaire par leur esthétique, et aussi de répondre à mes critères de consommation, à la fois sociaux et environnementaux.
1. Le polyuréthane
J’ai donc commencé par regarder ce qui se faisait le plus : le polyuréthane ! Une solution 100% plastique… Et qui dit plastique, dit ressource non-renouvelable et limitée.
Et puis les faits sont là : le polyuréthane s’abîme avec le temps. Garder un sac ou un portefeuille en polyuréthane plus de 10 ans, et en parfait état de surcroît, relève de l’impossible ou demande des prouesses de précautions.
Bien sûr, si on choisit une marque consciencieuse et qui, en plus, choisit de travailler avec un « éco-polyuréthane » (Stella McCartney ou Magnethik par exemple), censé être plus durable et moins toxique, le produit durera sûrement davantage dans le temps…. Mais il faut puiser dans les réserves, encore et encore, avec des solutions qui ne promettent rien de durable, je passe mon chemin…
2. Le liège
Le liège est une alternative au cuir à laquelle on pense souvent, probablement la plus connue. Le liège, quand on s’intéresse aux marques éthiques qui l’utilisent, est souvent issu de chênes portugais gérés durablement et travaillé avec le savoir-faire du pays.
Plus les années avancent, plus son travail s’affine. On retrouve ainsi de très jolies pièces de maroquinerie vegan en liège, et d’un point de vue social et environnemental, la consommatrice que je suis est bien contente !
Oui mais voilà, d’un point de vue durabilité et résistance aux intempéries, le liège est loin d’être la panacée ! Il s’agit même d’un matériau assez fragile et il faut redoubler d’attention pour en prendre soin et conserver son bien le plus longtemps possible…
3. Le Piñatex & les autres
Alors, naturellement, quand on a défriché ces deux premières alternatives qui sont les plus connues, on en vient aux fameux « cuirs » vegan les plus sophistiqués, le Piñatex en tête !
« Un matériau fait à partir de fibres cellulaires extraites de feuilles d’ananas », peut-on lire sur Wikipédia au sujet du Piñatex. Sur Wikipédia, mais aussi partout ailleurs sur le web… Une alternative au cuir, fabriquée durablement à partir de fibres d’ananas, plutôt résistante dans le temps et à la pluie, nous aurions donc trouvé LA solution ?
Peut-être, mais il y a un hic : la majorité des résultats sur le web omettent de préciser que le Piñatex est en fait aussi constitué de PLA (18%), un bioplastique issu de l’amidon de maïs, et qu’il est recouvert d’une résine pétrochimique pour assurer sa durabilité, qui n’est autre que du polyuréthane (10%). Le Piñatex n’est donc ni plus ni moins qu’une autre alternative constituée de pas mal de plastique. Il n’est donc ni biodégradable, ni recyclable en raison de ce mélange de matériaux (même si le PU 100% est dans les faits peu recyclé à l’heure actuelle).
La même chose s’applique pour les récentes découvertes en matière de « cuir » vegan, comme pour le cuir de pomme par exemple (constitué à 50% de polyuréthane).
Le Tyvek
Alors il me restait à étudier le cas du Tyvek… Il s’agit en fait d’un matériau non tissé dont les fibres de polyéthylène sont assemblées entre elles mécaniquement grâce à la chaleur, c’est-à-dire sans solvants ou autres procédés chimiques potentiellement toxiques.
Le Tyvek est un matériau 100% recyclable, et 30% recyclé. On en parlait déjà au sujet du polyester recyclé, la fibre recyclée n’est en effet pas suffisamment solide et résistante pour être utilisée seule lors de la fabrication, et nécessite le recours à de nouvelles fibres de polymères. Peut-être que nous serons un jour capable de recycler le plastique à l’infini de façon à ce que plus rien ne soit prélevé dans les ressources limitées de la planète, mais ce n’est pas encore le cas.
Le Tyvek est un matériau assez révolutionnaire du point de vue de ses caractéristiques, justement obtenues grâce à la particularité de son processus de fabrication. Le fait qu’il soit obtenu par un procédé simplement mécanique le rend non-toxique, et le fait qu’il soit non-tissé lui confère des propriétés exceptionnelles de résistance et de durabilité. C’est un matériau à la fois ultra léger comme du papier et ultra costaud, et qui résiste même à l’eau (genre vraiment, vous pouvez le laisser dans l’eau pendant des mois et il n’absorbera rien, et tout ça sans traitements chimiques) !
Son extrême solidité permet en outre d’utiliser bien moins de matière qu’avec les autres options. Il suffit en effet d’une épaisseur très fine pour concevoir un produit ultra robuste et résistant. Les portefeuilles Paprcuts pèsent ainsi 15g, contre 100g pour un portefeuille semblable en cuir et 70g environ pour un portefeuille semblable en polyuréthane. Avec 100g de Tyvek, je fabrique donc beaucoup plus de portefeuilles qu’avec 100g de cuir ou de polyuréthane.
Vous pouvez ainsi essayer de déchirer les portefeuilles Paprcuts avec hargne, vous n’y arriverez pas (testé et approuvé !) ! Vous pouvez même les passer en machine à 60 degrés, rien n’y fera…
L’alternative au cuir de Paprcuts
Cette résistance à toutes les épreuves de la vie, c’est ce qui fait que je crois à la démarche de Paprcuts qui fabrique tous ses produits à Berlin. Ils en sont tellement sûrs, qu’ils garantissent tous leurs produits 12 mois !
La solution à tous nos problèmes, celui de la planète, celui de notre porte-monnaie, celui de notre santé mentale, avant même d’acheter mieux, c’est d’acheter moins. Et choisir un objet qui peut nous suivre dans toutes nos aventures pendant 20 ou 30 ans, ça, j’y crois.
Je crois qu’il vaut mieux privilégier une alternative au cuir constituée à partir d’hydrocarbures que l’on va garder 20 ans, plutôt qu’une alternative que l’on va devoir renouveler tous les 5 ans. La durée de vie du produit doit toujours être prise en compte lorsque l’on cherche à faire un achat durable, il ne faut pas seulement s’arrêter sur sa composition (même si c’est évidemment un critère à prendre en compte).
Nous avons donc choisi pour ces prochaines années de protéger nos si précieux passeports avec du Tyvek, moi avec de la couleur et David avec un design de vacances au soleil. Nous avons aussi, ENFIN, trouvé de petits porte-monnaie plats, ultra légers et résistants pour nous accompagner dans notre voyage au long cours. Ils sont juste parfaits pour des voyageurs comme nous ! Bon et puis, vous avez dû le voir, les designs de Paprcuts sont à tomber ! On a eu du mal à choisir, surtout que c’est un choix qui va nous suivre des années durant !
Je me suis d’ailleurs, et je crois que c’est la première fois depuis que j’achète quelque chose, imaginée avec mon porte-monnaie GIRL POWER à 65 ans. J’ai aimé l’image que j’avais en tête, j’ai trouvé ça très réconfortant. De savoir que pendant encore plus de 35 ans, peut-être, j’allais sourire à chaque fois que j’allais vouloir payer quelque chose !
*Cet article est sponsorisé par Paprcuts, qui m’a laissée totalement libre de traiter le sujet à ma façon. Merci à eux de penser et d’œuvrer à une société plus juste et éthique, et de rémunérer les créateurs de contenus comme des membres à part entière de leur chaîne de valeur.
Et pour vous, la meilleure alternative au cuir, c’est quoi ?
*** Céline ***
Un article très intéressant, je me lance dans la maroquinerie et au départ j’ai forcé penser au cuir mais aussi à l’impact que ça avait, alors j’ai cherché des alternatives et je suis tombé sur cette article, j’aimerais en savoir plus, peut-être trouver des fournisseurs pour faire des créations en Tyvek. La mode évolue et les matières premières devrait faire de même…
Très bel article sur la question 🙂 Avec 3 associés nous avons récemment lancé notre petite boutique de maroquinerie en liège, aussi surnommée « cuir de liège » ou « cuir végétal ». Je vous ai laissé mon e-mail, au plaisir d’échanger avec vous autour de ce matériau 🙂
J’aime énormément ton article ! Honnêtement, je m’attendais à quelque chose de cliché au début, car même si je m’intéresse beaucoup aux questionnements écologiques actuel, je suis lassée de voir défiler des articles assez pauvres pour devenir futilement la parfaite végan. Mais j’aime ton approche et tes explications, ton blog est une super découverte ! Enfin quelqu’un pour nous partager ses découvertes avec passion ! J’aime aussi que tu nous montres jusqu’où est allée ta réflexion, en nous citant les sources de tes connaissances. J’ai déjà hâte de lire ton prochain article,
Estelle
Belle découverte, je ne connaissais pas cette alternative au cuir qui pour le coup est une industrie à fuir, sans parler des produits chimiques utilisés, les taneries travaillant pour de grandes marques de luxe exploitent la misère humaine notamment en Italie
très intéressant, merci d’analyser les alternatives au cuir avec un oeil sur l’impact global et la durabilité réelle! ça à l’air top, je te souhaite qu’il te dure jusqu’à tes 65 ans 😉