Notre petite aventure sur les parties sauvages de la Muraille de Chine est indéniablement l’un de nos plus beaux moments depuis que nous sommes partis pour notre tour du monde sans avion ! Nous avons vécu 3 jours et 3 nuits hors du temps, à arpenter des pierres millénaires et à nous frayer un passage au milieu de la végétation qui a repris ses droits.
Il est en effet possible de circuler sur les parties sauvages et oubliées du mur, et même d’y passer la nuit ! Dormir sur la Muraille de Chine est une aventure à par entière, une expérience hors des sentiers battus, intense et assez challengeante…
Je vous propose aujourd’hui de vous révéler le parcours que nous avons suivi, mais à une seule condition : que vous promettiez de respecter les commandements du voyageur responsable ! Sortir des sentiers battus n’est pas anodin, et implique même une grande responsabilité du voyageur. Il doit veiller à ne rien laisser derrière lui, et à restituer le chemin qu’il emprunte exactement comme il l’a trouvé en arrivant. Marcher sur les portions sauvages de la Grande Muraille de Chine est une chance extraordinaire. Vous êtes responsables de sa préservation.
Les parties sauvages de la Muraille de Chine
L’image que nous avons de la Grande Muraille se réduit souvent aux portions rénovées et accessibles du mur. Le gouvernement chinois, soutenu par l’Unesco, a ainsi participé à la rénovation de pans entiers de la Muraille, permettant un accès facilité aux touristes du monde entier. Les portions les plus connues et les plus visitées, comme celles de Badaling juste à côté de Pékin ou de Mutianyu, sont ainsi devenues les images emblématiques de ce grand serpent de pierre ondulant sur les sommets. On estime aujourd’hui que 30% de la Muraille de Chine a été rénovée.
Ce qui nous laisse 70% de Muraille sauvage et authentique, avec les pierres d’origine ! Mais cette Muraille sauvage, il faut la mériter. C’est physique, et il faut aimer l’effort, d’abord : beaucoup d’escaliers sont totalement effondrés et il s’agit d’escalader parfois des pans de murs entiers ! Attention au vertige aussi, certains passages peuvent faire peur à ceux qui n’aiment pas ça. Il faut être extrêmement vigilants, et prendre la mesure de ce que l’on risque avant de se lancer. Si ces portions de la Muraille sont peu visitées, c’est qu’il y a des raisons.
Cela dit, en plus de représenter un intérêt historique certain, et donc émotionnel, choisir d’explorer les parties sauvages de la Muraille de Chine a de nombreux intérêts, et notamment ceux de se retrouver loin des foules, et de relever un sacré défi !
Un conseil : septembre et octobre semblent être les meilleurs moments pour tenter l’aventure, avec beaucoup moins de monde qu’en été et encore du beau temps. Il fait encore bien chaud en septembre, donc veillez à prendre beaucoup d’eau car vous ne trouverez pas de points d’eau sur la Muraille.
Notre parcours : 3 jours sur la Muraille de Chine
Jour 1 – Dormir sur la Muraille de Chine
Pour vous rendre sur Huang Hua Cheng
- Prenez la Changping line (ligne rose) du métro de Pékin jusqu’à l’arrêt 南邵 / Nanshao
- Montez dans le bus 31 ou 32 (dernier passage : 18h30) jusqu’à l’arrêt 九渡河北 (怀长路) / Jiudu Hebei (Huaichang Road)
- Montez dans le bus H21 (dernier passage : 20h30) et descendez au village de Huang Hua Cheng (黄花城路口 / Huanghuacheng intersection)
Servez-vous de l’application Moovit pour anticiper les trajets en bus, et repérer les horaires et les emplacements des arrêts (pas toujours évident). Bien qu’elle ait tendance à allonger les temps de trajet, elle reste hyper précise et permet même de suivre en temps réel l’avancée du bus dans lequel vous êtes !
Le sentier
Le sentier qui mène jusqu’à la Muraille n’est pas forcément facile à trouver. Nous avons en tout cas tourné un petit peu avant de le repérer, guidés pas de mauvaises coordonnées GPS. Voici les coordonnées Maps.me de l’entrée que nous avons empruntée : 40.41637, 116.33824.
Il vous faut emprunter ce chemin qui grimpe un peu pendant une vingtaine de minutes, jusqu’à vous retrouver nez à nez avec le Mur. Il s’impose devant vous, infranchissable… Ou pas ! Quelques brèches dans le mur vous permettent de l’escalader, il n’est haut que de 2,5-3m à cet endroit-là. C’est à ce moment précis que vous touchez le mur pour la première fois. Quelle sensation ! Si vous arrivez de nuit et en été, vous serez accueillis par le ballet des lucioles. Un spectacle féerique qui rajoute à la magie de l’instant. Il existe peut-être une entrée plus simple d’accès à cet endroit mais comme il faisait déjà nuit, nous ne l’avons pas cherchée plus longtemps.
Grimpez ensuite les premières marches et pentes raides, jusqu’à trouver une portion plate juste avant la première tour de guet. C’est là que nous avons disposé notre tente. Orientez-là de façon à être aux premières loges pour le lever du soleil, et préparez-vous à passer votre première nuit sur la Grande Muraille de Chine ! La tour peut être une solution s’il y a du vent, car bien sûr pas moyen de fixer des sardines sur la pierre !
Jour 2 – Huang Hua Cheng
Le lever de soleil auquel vous assistez le matin du jour 2 est saisissant. Le soleil se lève derrière les montagnes et recouvre progressivement la Muraille d’or et de lumière. Vous la voyez plonger dans le lac en contrebas et prenez la mesure de l’effort à fournir en la voyant grimper derrière vous.
Le parcours sur la Muraille est de 6 km et sans grande difficulté, vous n’aurez besoin que d’une demi-journée. Prenez donc votre temps mais veillez à ne pas arriver trop tard pour attraper le bus qui vous emmènera sur Jiankou en début d’après-midi.
Ça monte pas mal dans un premier temps. N’oubliez pas de vous retourner de temps en temps pour admirer la Muraille qui dévale la montagne ! Lorsque vous arrivez au point culminant de cette première montée, les tours de guet s’enchaînent, vous offrant un très joli point de vue. À partir de là, le parcours devient un peu moins sympathique sur la gauche en contrebas avec une cité industrielle qui entache le décor. Mieux vaut faire abstraction !
Vous arrivez après cela au seul point un peu dangereux du parcours, qu’il vous est possible de contourner en empruntant un petit chemin sur la gauche un peu avant : il vous faut passer par l’une des fenêtres de la tour de guet, en bravant les 10m de vide en-dessous de vous. Rien de difficile, il y a de très bonnes prises ! Il faut juste être vigilant, et redoubler d’attention si on porte de gros sacs comme nous.
Démarre ensuite la partie la plus belle de la rando selon moi : la Muraille est ensevelie sous la végétation et vous devez vous frayer un passage dans la jungle ! Une expérience extraordinaire de la Muraille sauvage !
Le chemin continue jusqu’à la plus haute tour du parcours où l’on peut observer la Muraille plonger dans le lac. Un barrage entache, une fois de plus, la magnificence du lieu. Le Mur tombant à pic, on tombe sur une impasse et il n’est plus possible de le suivre. Un chemin forestier conduit alors jusqu’à un grand parking désert. Prendre à gauche après le parking et continuer jusqu’à l’arrêt du bus H21, bien indiqué au fond d’un autre grand parking (arrêt indiqué sur Maps.me).
Pour vous rendre sur Jiankou
- Prendre le bus H21 depuis Xishuiyu (西水峪村) jusqu’au terminus à Huairou (于家园 / Yujiayuan). Il faut prévoir 1h30 de trajet. Le bus H21 passe environ toutes les heures.
- Pour nous, le bus H21 ne s’est pas arrêté au même endroit que le départ du H25. Nous avons dû marcher 10 minutes. Moovit indiquait le départ du bus H25 au bon endroit mais le H21 était censé arriver précisément au même endroit ce qui n’était pas le cas pour nous.
- Prenez ensuite le bus H25 jusqu’au terminus 西栅子 / Xizhazi, mais ATTENTION ! Seulement deux passages par jour : 11h et 16h30 ! Veillez bien à ne pas arriver trop tard de votre rando pour pouvoir attraper la correspondance !
Une fois arrivés au village, 30 minutes de marche dans la forêt permettent d’accéder à la Muraille. Il est possible de manger ou de dormir au village, ou bien de s’installer dans la première tour de guet comme nous l’avons fait (et c’est évidemment ce que je conseille).
Jour 3 – Jiankou
Une fois de plus, le lever de soleil sur la Muraille est à couper le souffle. La vue depuis cette première tour de guet est d’ailleurs l’une des plus belles du parcours, la Muraille serpentant le long de la montagne boisée.
La terrifiante Jiankou porte bien son nom. Cette portion est physiquement difficile et éprouvante, et certains passages peuvent être assez challengeants. Elle est cependant l’une des plus belles portions de la Muraille de Chine, avec des particularités uniques et qui participent à son mythe. Suivez toujours les rubans rouges… mais sachez qu’un bon nombre manque à l’appel !
Dès le départ, on est mis dans l’ambiance : les premiers escaliers sont totalement effondrés et il faut faire un peu de grimpette. Un avant-goût de ce qui attend le voyageur intrépide qui s’est frotté à Jiankou ! C’est physique et fatiguant, mais pas difficile en soi. Il y a beaucoup de prises et, encore une fois, il s’agit d’être vigilant et d’avoir conscience du risque.
Les difficultés et passages un peu plus complexes se succèdent sur le parcours, mais il est souvent possible de les contourner en suivant des chemins qui contournent les difficultés. Nous avons décidé de tout faire et de ne pas quitter le Mur, mais mieux vaut ravaler sa fierté et choisir la prudence si vous ne le sentez pas.
Les particularités uniques de Jiankou, et par lesquelles vous passerez, sont :
- Les Sky Stairs : des escaliers qui tombent à pic, tellement qu’on dirait que la paroi s’est effondrée quand on y arrive. Il faut se pencher en avant pour voir les marches se dessiner, attention au vertige ! Moins redoutables qu’impressionnants cela dit. Certains racontent qu’ils ne peuvent être descendus que face à la paroi, nous avons préféré les descendre en crabe.
- Deux parois rocheuses d’une dizaine de mètres à escalader. Encore une fois, c’est faisable mais dangereux. Si vous doutez ou si vous avez de gros sacs, prenez des cordes avec vous pour les hisser.
Vous serez immensément récompensés lorsque, à 5 kilomètres de l’arrivée, vous installerez votre campement sur le toit de la plus haute tour de guet pour le plus beau bivouac de votre vie. Préparez-vous à assister à un coucher de soleil somptueux avec une vue à 360° sur la Muraille de Chine et les environs. Spectaculaire !
Jour 4 – Mutianyu
Le lendemain, pliez bagage le plus tôt possible. Une vraie raison à cela : arriver sur la portion rénovée et très visitée de Mutianyu avant l’ouverture ! Je vous promets alors un vrai moment de grâce, à profiter de la Muraille telle que vous l’avez toujours vue dans les livres d’histoire, toute belle et rénovée, et à l’avoir pour vous tout seul.
Nous savons que l’affluence de touristes en arrivant sur Mutianyu a gâché l’expérience de pas mal de voyageurs. Suivez donc ce conseil essentiel pour faire durer la magie jusqu’au bout, et partez au maximum à 6h du matin. Vous atteindrez les portions rénovées et la civilisation moins de 2h plus tard.
Depuis la tour de guet, 5km restent à être parcourus jusqu’à la fin. L’œil de bœuf, cette partie de la Muraille qui monte pour redescendre pour suivre les mouvements de la montagne au lieu de la traverser, présente des descentes très raides et glissantes. Avec les jambes un peu fatiguées de la veille, mieux vaut faire attention ! Aucune autre difficulté jusqu’à la fin.
Une fois descendus par l’entrée touristique de Mutianyu, nous avons rejoint le centre ville. Là, nous attendions un bus pour rejoindre Pékin mais un taxi nous a emportés dans une commune voisine pour 10 Yuans afin de prendre le bus 976 pour Pékin.
Notre matériel
Nous avons déposé une partie de nos affaires dans notre auberge de jeunesse à Pékin et sommes partis avec le nécessaire pour 3 jours et 3 nuits sur la Muraille de Chine, à savoir :
- Le nécessaire pour camper : tente, tapis de sol, sacs de couchage légers, réchaud et casserole, 2 bols et un set de couverts
- De quoi manger pour la durée du parcours, même si vous trouverez de quoi refaire le plein en nourriture juste avant de vous rendre sur Jiankou.
- Couteau multi-fonctions
- Gourdes + Purificateur d’eau Lifestraw Mission 12L
- Vêtements et sous-vêtements pour 3 jours
- Chargeur solaire si vous avez peur de ne pas être assez économe avec la batterie de votre téléphone
- Papier toilette
Pour voir à quoi ressemble notre équipement en détail ou pour vous assurer que vous n’avez rien oublié, je vous conseille d’aller jeter un œil à notre matériel.
À noter : Nous avons rencontré des voyageurs qui dormaient sans tente, simplement avec un sac de couchage, et de préférence dans les tours de guet. C’est en effet possible en été quand il ne fait pas trop froid, et ça permet de partir plus léger. Vous n’avez simplement pas le réconfort de votre petite maisonnette au-dessus de vous.
À noter (bis) : Il est également possible de faire Jiankou sur une seule journée et donc de ne pas s’encombrer de gros sacs à dos. Je pense qu’il est dommage de faire une croix sur le bivouac dans la plus haute tour de guet pour le coucher du soleil, mais être plus léger permet aussi de faciliter sa progression sur le parcours.
*** Céline ***
Bonjour,
Est-il possible de louer du matériel de camping, afin de dormir sur la Grande Muraille sans s’encombrer pendant tout le reste d’un tour du monde ? Je pars en TDM, mais une tente et tout le nécessaire va peser et prendre beaucoup de place si je dois les transporter partout…Merci !
Hello,
Oui je pense qu’il est tout à fait possible de louer du matériel à Pékin avant de partir sur la Muraille !
Je me note bien gentiment cet itinéraire de côté. J’ai vraiment pas envie de louper la muraille de chine ! Merci pour les conseils.
Où as-tu trouvé en amont toutes ces informations ?
Bisous !
En se renseignant sur les blogs et surtout en discutant avec d’autres voyageurs rencontrés sur la route !
Bonjour, je viens de découvrir votre blog et wahou… Ce que vous faites est superbe et tellement inspirant. Merci de partager tout cela 🙂
Bonjour
Je trouve que c’est une super expérience mais je me pose la question de l’acceptation du gouvernement chinois de vous laisser faire du camping sauvage sur la grande muraille de chine?
Bonne continuation
Hello,
Je crois que dans les faits c’est interdit effectivement, mais c’est toléré tant qu’on ne passe pas sur les parties sauvages sous le nez de la police !
PS : je trouve que vous avez fait de super progrès en photos 😀 J’imagine que le fait de voyager, de beaucoup photographier et d’être inspirés par tout ce que vous voyez doit aider, bravo à vous deux !
Wouahou, ça a dû être une aventure merveilleuse, je vais regarder votre vidéo très vite (là il est un peu tard dans la nuit ^^). Et bravo de rappeler « les commandements du voyageur responsable » !