Ce qui compte pour moi, avant tout le reste, c’est la transparence d’une entreprise. Si l’industrie textile est devenue ce qu’elle est aujourd’hui, asservissante et polluante, c’est avant tout parce qu’elle repose sur des chaînes de production opaques et cachées des yeux des consommateurs.
On a vu plus enjouée comme intro, je vous le concède. Ça claque un peu dans l’air. Mais, patience ! Cela me permettra d’introduire avec douceur et tendresse l’engagement d’une marque que je suis depuis longtemps et dont vous commencez peut-être déjà à zyeuter les baskets…
L’autruche
Dans le schéma classique, les marques n’ont aucun intérêt à nous montrer ce qu’il se trame derrière la fabrication de nos vêtements. Elles auraient bien trop à perdre. Et nous, consommateurs, nous n’avons aucun intérêt à passer du temps à le découvrir. Ce que l’on y trouverait risquerait de nous heurter, voire pire : de nous faire expérimenter l’état de contradiction inconfortable de celui qui sait mais n’est pas prêt à agir (parce qu’on en a déjà parlé ici, changer demande du temps, du courage et des efforts que l’on n’est pas toujours disposés à déployer). Alors tout le monde fait l’autruche, et on ne se rencontre que dans les rayons des grands magasins.
Dans un schéma plus respectueux et durable, les marques saisissent l’enjeu essentiel de la transparence. Elles prennent la mesure de ce qu’il faut changer pour parvenir à une mode éthique et écoresponsable, et elles communiquent donc sur leurs démarches et leurs efforts. Mais le pari est risqué !
Imparfait mais transparent
Car qui, ici, ne s’est pas un jour retrouvé face à ses contradictions, pointées du doigt par un tiers certainement plus engagé et cohérent (ou pas) ? Être transparent, montrer que l’on fait “mieux”, nous expose à la critique. Parce qu’on se met à nu, on sort du rang et on ose affirmer “moi, je fais !”. Moi, j’essaye. Quel courage !
Être transparent, c’est s’exposer. C’est montrer non seulement ses efforts, mais aussi ses défauts. Son lot de contradictions “en cours” ou “à traiter”. Ce qu’on tolère chez tout le monde habituellement, on ne le tolère plus pour celui qui a commencé à faire des efforts.
Il faudrait être parfait dès lors que l’on devient transparent. Mais alors, parbleu, c’est le serpent qui se mord la queue ! Personne ne voudra donc faire preuve de plus de transparence ! Voilà pourquoi il faut être patient avec les petites marques : parce que malgré tous les efforts du monde, faire les choses au mieux peut prendre du temps. Un exemple…
Hors de question d’abandonner le Vietnam !
Ces fameuses baskets que vous zyeutez depuis le départ ont été fabriquées au Vietnam, dans les meilleures conditions qui soient. Elles ont été imaginées par N’go Shoes, une marque enregistrée dans le Générateur de Marqu’IZ depuis le départ et qui a toujours fait preuve avec moi d’une transparence sans failles.
Mais pas de bol, malgré leur démarche éthique irréprochable et leur passion pour le savoir-faire des artisanes vietnamiennes, leurs premières collections avaient toujours une partie en cuir. Et ça, pour moi, c’était niet ! Je me contentais donc d’observer leurs nouvelles collections, année après année, toujours plus jolies et élaborées. Mais toujours pas de baskets vegan à l’horizon…
Un jour, j’avais profité d’une visite au salon Neonyt à Berlin pour discuter avec Ronan, l’un des deux fondateurs. Justement, nous parlions de cuir. Il me disait vouloir proposer des baskets vegan mais était formellement opposé à utiliser du polyuréthane, un matériau issu des hydrocarbures souvent utilisé pour remplacer le cuir. Avec les moyens de l’époque, il n’était pas encore possible de proposer des modèles à la fois vegan et écoresponsable car le Vietnam n’avait ni ce savoir-faire, ni les technologies nécessaires. Et il était hors de question d’abandonner le Vietnam, le pays dont il était tombé amoureux quelques années auparavant au cours d’une mission humanitaire ! Alors je m’étais fait une raison…
Carton plein pour les baskets vegan
Alors quand ils m’ont contactée il y a quelques mois pour me raconter qu’ils avaient enfin sorti une collection vegan en toile, j’étais aux anges ! Nous avions même convenu de nous retrouver au Vietnam pour que je récupère ces fameuses baskets vegan fraîchement sorties de l’atelier. Ils m’ouvraient grand les portes de leurs artisans. Vous avez dit transparents ?
Il y a d’autres aspects de la démarche de N’go Shoes que j’aime beaucoup. Le fait qu’il mettent un point d’honneur à participer à la construction de nouvelles écoles au Vietnam par exemple, en reversant chaque année une partie de leur chiffre d’affaires à une ONG. Une continuité avec la mission humanitaire de Ronan qui a été le point de départ de cette aventure peut-être ? Le fait, aussi, qu’il soit possible de leur renvoyer nos vieilles paires pour qu’ils les recyclent ou les nettoient et les réparent pour les revendre d’occasion. Des marques qui étudient l’impact de leurs productions sur l’intégralité de leur cycle de vie, ça j’aime !
Une démarche transparente, imparfaite mais en constante amélioration, sacrément engagée sur l’éthique et l’impact environnemental de ses productions, des baskets sans cuir trop belles et confortables… Carton plein !
*Cet article est écrit en collaboration avec N’go Shoes, qui choisit de rémunérer justement les créateurs de contenu engagés
*** Céline ***
Un grand bravo à N’go Shoes et à toi pour nous faire découvrir cette jolie marque engagée ! Justement, je m ‘intéresse de plus en plus dans la mode éthique et je manque de connaissances à ce niveau là, savoir à quelle marque faire vraiment confiance etc. C’est vrai que ces chaussures te font à merveille ! As-tu finalement pu visiter leur atelier au Vietnam ? C’est génial de pouvoir voir l’intérieur des coulisses pour mieux comprendre tout le processus !
Coucou ! Eh non, nous avons dû prendre un avion de rapatriement à cause du coronavirus début avril. On explique tout ça dans une vidéo sur Youtube si tu veux !
Bonjour, j’ai lu aujourd’hui sur le site de Pimkie, leurs engagements et actions. Ça m’a l’air bien mais je n’arrive pas à savoir si c’est du greenwashing ou pas ? Qu’en penses-tu ? Merci d’avance
Coucou !
Argh… Oui la com’ de Pimkie est douteuse ! Même s’ils voulaient tout révolutionner d’un coup et créer des vêtements dans un modèle vertueux, leur machine est bien trop grosse et il faudrait tout reprendre de zéro ! Je peux te dire qu’on en entendrait parler ! Non clairement, on est bien dans du greenwashing et de l’éthiquewashing de compet’!
Ce modèle est tellement beau ! Comme il m’en faut une paire je sens que je vais craquer pour celui ci en noir <3
Top ton article qui explique les valeurs de la marque, ça fait du bien enfin de la transparence !
Je comprends que dans un monde où tout va très vite, on veut avoir tout et tout de suite. Cependant le produit parfait n’existe pas et n’existera jamais. Alors un grand bravo à ces marques qui persévèrent et s’améliorent. Et bravo à Ngo shoes pour leurs engagements et leur transparence.
Ton look est très sympa! Les chaussures sont très jolies mais je craque surtout pour ta robe. Peux-tu nous dire la marque? Merci pour ton blog toujours très intéressant et inspirant!
Te lire est toujours très agréable ! Et les baskets sont très jolies, c’est beau de voir de tels engagements possibles et réalisés fièrement… Personnellement, je suis une très grande fan de Minuit Sur Terre, et j’ai du mal à acheter ailleurs que chez eux… 🙂