La forêt brûle en Sibérie. L’été file sans moi.
La fenêtre est ouverte pour laisser entrer un peu d’air, il a encore fait très chaud aujourd’hui. Les journées se suivent et se ressemblent beaucoup. Ça ne me ressemble pas. L’été, je ralentis toujours. Je prends le temps d’humer l’air le matin et d’apprécier les premiers rayons, de manger des fruits et de me tâcher, de discuter jusqu’à très tard le soir, et de laisser des tonnes de sable dans la voiture. Mais pas cette fois.
Je façonne quelque chose pour le printemps prochain, et ça me prend du temps. Beaucoup. Et je regarde passer l’été par la fenêtre. Je me demande dans quelle mesure on peut rester connecté à l’instant quand on a la tête remplie de choses à faire. Je crois qu’on ne peut pas.
Ces derniers mois ont été si chargés d’émotions que je n’ai pas, je crois, encore tout digéré. En avril, nous devions quitter la Thaïlande pour la Malaisie, explorer le Sud du Vietnam en mai et monter dans un bateau cargo pour la Malaisie en juin. Aujourd’hui, nous aurions dû nous baigner dans les eaux turquoises de l’Indonésie, avant de partir pour une folle virée en bateau-stop pour rejoindre l’Australie en septembre. Au lieu de ça, le choc brutal du retour et du confinement général. L’impression de manquer d’ancrage et d’être à l’arrêt. Que tout avance sans nous, et que nous ne savons pas vraiment où aller. L’été file, à n’en pas douter.
Je crois que cette aventure sur la Vélodyssée va nous faire le plus grand bien, comme un exutoire à l’immobilité forcée de ces derniers mois. Le retour du “wild”, de l’inconnu. Ne pas savoir où l’on dort, rencontrer de nouvelles têtes pleines de rêves. Pester parce que c’est dur, et n’avoir que ça à faire que de pester parce que c’est dur. L’inconfort confortable et serein. Oh que oui, ça va nous faire du bien !
Le stylo derrière l’oreille
Mais je m’égare, la nuit s’installe par la fenêtre. J’entends David qui grommelle contre un moustique dans la chambre. Et moi, je me refuse à quitter cette tenue. Je l’aime beaucoup, j’ai l’impression d’être une journaliste parisienne en quête du dernier scoop altermondialiste. Je tapote sur mon clavier en pinçant les lèvres, je range une mèche rebelle. Manque plus que le crayon derrière l’oreille.
Je suis tombée tout de suite amoureuse des créations de Cam&line, un vrai coup de foudre à vrai dire. L’univers, la démarche, le style à la fois décontracté et bohème, ça me parle beaucoup ! La coupe et la couleur du pantalon, l’imprimé de la chemise… Journaliste engagée ou exploratrice intrépide, je suppose qu’il y a un peu de tout cela. Je n’avais pas eu un tel coup de cœur depuis longtemps !
Toutes les créations de Cam&line sont fabriquées en France par les deux créatrices, avec l’aide d’un atelier parisien. De nombreuses pièces (dont la chemise et le pantalon que je porte) sont entièrement en coton bio certifié GOTS, tissé et teint en France, et la viscose utilisée provient d’Italie ou d’Alsace. On est sur une démarche éthique et responsable totalement transparente : la provenance des matières et des accessoires de mercerie (boutons, braguettes, etc), la production, l’impression… On sait tout. Et ça, si vous me connaissez, vous savez à quel point ça a de l’importance !
Je suis si heureuse de constater que de si jolies marques engagées voient le jour ! Une sacrée leçon de style et de morale. C’est beau quand on mêle les deux.
Sur ce, j’attrape le crayon derrière mon oreille, le coince dans ma bouche pour rouler mes cheveux en chignon, et le passe dedans d’un coup de main expert. Il fait nuit dehors, j’ai fermé la fenêtre. Un petit air de satisfaction, la mèche rebelle qui dégringole et je décide, enfin, du point final.
*Cet article est écrit en collaboration avec Cam&line, éthique jusqu’au bout de leur démarche !
*** Céline ***
Grâce à toi, j’ai découvert cette marque formidable… Et je me délecte de tes mots ce soir, que finalement je n’avais pris le temps de lire…